Glacier Huemul et retour vers El Chalten

Bien que nous souhaitions à la base faire la randonnée du Lago Desierto, nous décidons de changer de programme afin de réaliser uniquement le sentier menant au Glacier Huemul. En effet, après discussion avec Ben, nous réalisons que le retour vers El Chalten s’annonce aussi compliqué que le trajet aller, le temps n’est toujours pas des plus agréable pour marcher, et enfin d’autres sentiers sont à réaliser à El Chalten où la météo semble plus clémente car nous sommes ici véritablement dans une cuvette!

En ce 23 octobre, après 2 jours non stop de pluie et de vent, une éclaircie se dessine au loin. Bon, rien d’exceptionnel : une éclaircie digne de celle de Lorraine en plein mois de novembre : un thermomètre qui caresse les 5 degrés, le bonnet et les gants sont fortement conseillés ; quant aux équipements de pluie, ils sont tout simplement obligatoires! Nous partons sans sac à dos, que nous laissons au camping, et en pleine forme pour une rando annoncée d’une heure, en direction du glacier. Après s’être acquité d’un droit d’entrée (encore) de quelques pesos, nous grimpons à travers la forêt. Le «chemin» est balisé via un marquage jaune et, est aménagé, dans les parties les plus difficiles, de cordes facilitant l’ascension. Après 45 minutes de grimpette, nous arrivons au glacier et passons par la même ocassion sous la barre des 0 degrés, ce qui remplace la pluie par quelques flocons de neige.

La brume cache le sommet mais nous pouvons apercevoir le glacier dans la brume, au pied d’eaux turquoises. Très joli et la neige donne malgré tout un certain charme!

Nous redescendons rapidement au camping afin de nous donner toutes les chances de trouver un véhicule pour le trajet retour vers Chalten. Et ce jour là, la chance nous sourit. Dans un premier temps, Ben va voir l’ensemble des chauffeurs de bus touristiques pour trouver un véhicule, même si cela signifie d’utiliser le peu de pesos en cash qu’il nous reste pour payer le voyage. Le premier refuse, le second nous propose de payer un aller-retour plein tarif pour faire uniquement un trajet retour … (#Pigeon?), le troisième propose dans un premier temps 50 euros, que nous négocions à 25 euros. Nous acceptons.

Notre retour est sécurisé, le départ est prévu dans l’heure : nous avons une bonne solution, mais nous pouvons faire mieux. Un français, voulant réaliser l’ascension du glacier, vient à notre rencontre, nous lui expliquons le déroulement de l’ascension, puis au fil de la conversation, notre situation. Ce dernier nous propose de nous prendre si nous sommes toujours là dans deux heures lorsqu’il revient. Bonne nouvelle! Par politesse, Ben prévient le chauffeur de bus que nous ne rentrerons pas avec lui. Des voitures passent, Ben continu à faire du stop. Et là, un couple d’Italien, en lune de miel, nous propose de retourner avec eux. Nous sautons sur l’occasion sans hésiter. Ils ont la trentaine et sont italiens, lui est pilote d’avion de transport militaire, elle médecin. Nous échangerons durant tout le trajet, principalement Ben, qui interrogera le jeune marié sur l’aviation italienne. Arrivés à Chalten, nous les inviterons à prendre une bière où Ben sera à deux doigts de créer un incident diplomatique lorsqu’il expliquera d’une part qu’il met des champignons et des lardons dans sa sauce bolognaise, que le Tiffozi qualifiera de «ragout», et qu’il n’a aucune honte à couper des spaghettis pour les déguster. Une hérésie que ces Romains prendrons avec beaucoup d’humour!

 

 

El Fitz Roy & « un kilomètre à pied, ça use les souliers »

2 jours après notre arrivée à El Calafate, nous décidons d’aller à El Chaltén, capitale nationale (auto-proclamée?) du trekking. Après quelques heures de bus et 215 km parcourus, nous arrivons vers 11h à l’entrée la ville et plus précisément au Centro de visitantes del Parque Nacional Los Glaciares. Tous les bus s’y arrêtent : il est d’usage de recevoir les informations concernant le parc que ce soit d’un point de vue météorologique et sécuritaire que des comportements à adopter en cas de rencontre avec un Puma.

Le message qui nous est donné est clair : aujourd’hui, au vue de ce soleil radieux il faut faire le Fitz Roy, l’un des symboles de la Patagonie.

Nous sommes donc bien décidés à profiter de ce superbe temps. Après avoir englouti quelques medialunas fraichement achetées et pris la pose devant le panneau d’entrée de la ville nous sommes prêts à partir : les sacs à dos sont bien ajustés et le parcours est défini. Première étape de 11km de marche, via le sentier El Sendero Al Fitz Roy, pour atteindre le Fitz Roy, puis 4 kilomètres sur El Sendero Piedras Blancas afin d’atteindre le camping Ricanor pour y passer la nuit. Dès le départ, le sentier annonce la couleur : le panorama sur la vallée est majestueux et la pente nous fait déjà quelques peu suer (à noter que nous transportons 35 kilos de matos/victuailles à deux).

Quelques points de vue sont indiqués tout au long du sentier et nous permettent de prendre de très belles photos! Celui appelé Fitz Roy est vraiment magnifique, c’est notre préféré! Nous avons la vue sur le sommet de ce monument naturel, mais aussi sur le Glaciar Piedras Blancas (ici avec à gauche le Fitz Roy, à droite, le glacier).

Après deux bonnes heures de marche, à mi-parcours, nous décidons de bivouaquer à la Laguna Capri afin de manger. Vue que nous sommes (sur)équipés, les sandwichs froids sont exclus : cela sera pâtes pesto ! Simple et efficace.

Le repas englouti, nous reprenons notre route en direction du camping Poincenot, dernière étape avant l’ascension finale du Fitz Roy.

A la différence du Glaciar Martial où les chemins n’étaient pas trés bien balisés (ce qui nous avait valu quelques détours chronophages…), les sentiers sont ici très bien indiqués et les distances inscrites sur la carte semblent (….) conformes.

Nous arrivons un peu tard au Camping Poincenot : il est 16h30, le soleil baisse déjà. Nous nous délestons rapidement de nos sacs afin de réaliser l’ultime ascension le plus rapidement possible. Une course contre la montre s’engage, arriver au sommet avant le couché du soleil!

Une personne nous indique qu’il faut compter 1h30 pour rejoindre le sommet, nous mettrons une heure. Ce chemin est très technique et assez physique. Rien d’insurmontable, mais tout de même! Le sentier est en fait tortueux, grimpe et est essentiellement fait de grosses roches qui forment de hautes marches. Nous arrivons enfin en haut : la vue de ce sommet, qui fait face au Fitz Roy, est … sympa. Nous ne la trouvons pas exceptionnelle.

Nous faisons demi-tour, il est maintenant 18h00, nous devons encore re-descendre afin de récupérer nos affaires au Camping Poincenot, puis faire encore 4 kilomètres (…) afin de rejoindre la route et notre camping, en vue d’aller au Nord du parc le lendemain (Lago Del Desierto).

La descente est plus dure que la montée : les marches de pierres sont hautes, les genoux n’apprécient donc guère d’être aussi mal traités. La montée était dure musculairement, la descente l’est du fait des chocs. Les articulations souffrent.

19h00, nous sommes au camping, nous récupérons notre packtage et nous partons vers l’Est en longeant le lit de la rivière Rio Blanco. Heure d’arrivée prévue 20h00.

Le parcours est roulant et somme toute en faux plat descendant. Nous marchons jusqu’à la route (ruta 41) qui longe le parc.  Il est 20h00, nous savourons ce que nous croyons être nos dernières minutes de marche.

20h30, pas de camping. Notre Cartographe/Guide/Professeur de C.O (#NoComment) s’impatiente et y met tout son coeur! « C’est pas possible! La carte c’est de la me$$$ ! Et ce matin le mec là il nous a pas dit que [Bla bla+pas contente] ». Voila comment se comportent les fonctionnaires de l’éducation nationale dans l’intimité, en vacance, en dispo! Bravo!

Pour ma part, je prends mon mal en patience et calme le jeu auprès de Marit’. Nous avançons rapidement, mais la nuit commence elle aussi à poindre le bout de son nez.

Nous marchons… les jambes sont lourdes, mais le morale est là. Nous marchons….

21h, toujours pas de camping. Nous décidons d’arrêter une voiture allant vers Chaltén,(direction opposée à notre destination). Je prend les devants et interroge le conducteur, de peur que ma partenaire de voyage ne soit pas suffisamment diplomate. « Le camping est à 5 minutes! »

… Au moment où la voiture repart, je me pose LA question : « 5 minutes ok, mais… en voiture ou ….. à pied? »

21h15, pas de camping, j’ai ma réponse il s’agissait de 5 minutes en voiture…

21h30, « **%£&°#@%% de carte! » ne cesse de répéter mon guide, et renchérie avec un « Bord£# ! En plus on a pas de milka! ». La peur me gagne : vais-je, pour la première fois de ce voyage, devoir partager équitablement notre souper et non plus suivant la règle établie des 4/5 à mon avantage ?

22h15, de la lumière ! Nous nous approchons. Une maisons isolée, aucune affiche indiquant un camping. Vue que nous marchons à la frontale depuis peu (et avec une pierre à la main en cas d’attaque de Puma, sait-on jamais) et que le propriétaire est à l’extérieur, il nous voit et vient à notre rencontre.

« Le camping est à 100 mètres, il est ouvert depuis hier! » (100 mètres t’es sur? pas 1000!?!)

101 mètres plus tard, un panneau, nous donne la direction du camping dans allée qui nous semble interminable. Quelques lumières scintillent timidement dans l’obscurité, le camping est désert. Un garde vient nous voir. Nous lui expliquons que nous souhaitons camper… ce qui, dans ce camping, semble poser problème. En effet, il nous emmène voir « El dueno » pour avoir son autorisation. 5 minutes de marche plus tard, toujours avec nos sac dans le dos, un homme sort d’une petite bâtisse. Il est surpris et a un comportement assez froid (ce que je peux comprendre vue qu’il est 22h passées). Il donne son accord! Ouf! Nous retournons dans le camping, où le garde nous propose de faire une visite éclaire des sanitaires & banos. Le verdict est sans appel : nous ne nous doucherons pas ce soir et nous n’irons pas non plus aux toilettes (#peinturemaison?).

Nous installons notre camp. Le rôle de chacun est vite défini : la femme au fourneau [NDLR : je vous vois vous offusquer dans le fond!], l’homme à la construction de l’abris pour la nuit.

En 10 minutes tout est prêt : la tente est montée, les matelas gonflés, le diner préparé, les sac de couchage déballés et les estomacs en bonne voie d’être rassasiés!

Il est 23h, nous sommes debout depuis 5h30 du matin et avons une vingtaines de kilomètres dans les pattes, sans compter le dénivelé. Notre repas fini, il est grand temps de se coucher et de se reposer… mais une seule chose nous manque :

« On aurait vraiment du acheter du chocolat ! »

 

Pour l’histoire : les Tehuelches furent les derniers indiens à peupler la région avant l’arrivée des espagnols. Le Fitz Roy fut d’abord baptisé par ces derniers Cerro Chaltén littéralement la montagne qui fume. En effet, son sommet est toujours entouré de nuages qui peut faire penser à un volcan.

Les fleurs rouges sont des Mata Guanaco.

L’animal noir et blanc (dans les dernières photos, celle très zoomée de mauvais qualité #merci) est un Zorrino Patagonico.