Jour 1 au Torres Del Paine : Administracion -> Paine Grande

Le mercredi 13 décembre est notre premier jour de trek du W dans le Parque Nacional Torres Del Paine, qui durera 5 nuits et 6 jours. Sur la carte ci-dessous, vous pouvez voir l’itinéraire complet représentant bien un W, seul manque la marche du premier jour qui sera l’objet de ce premier article pour rejoindre Paine Grande.

 

Voici, ci-dessous, l’itinéraire de notre premier jour afin de rejoindre la pointe basse gauche du W, le campement Paine Grande  depuis Administracion:

 

Nous nous levons à 5h30 pour être au Terminal de bus de Puerto Natales un peu avant 7h30. Nous remballons donc sac de couchage-tapis-matelas-tente avant de prendre un bon petit déj’. Nous avons préparé la veille nos sac à dos et empaqueté dans des sachets zippés chaque repas, allant du petit déj’ au diner (1 sachet = 1 repas) pour plus de praticité mais aussi pour limiter le poids des emballages et gagner en place. Résultat des courses, les sacs sont assez lourds mais nous savons que plus les jours passerons plus le poids se réduira du fait des repas.

1h30 de route et un petit somme plus tard, nous approchons de l’entrée du parc. Nous pouvons distinguer au loin « los Torres » qui dominent l’ensemble de la vallée. Premier arrêt administratif où nous sommes invités à descendre du bus (arrêt Laguna Amarga qui correspond à une des principales entrées du parc). L’objectif? Payer l’entrée, signer une décharge comme quoi « Le parc ne pourra être tenu responsable en cas de brulure au visage… », qu’il est interdit de faire de feu, etc etc. Nous repartons, notre entrée payée, avec le tampon du parc sur le passeport mais sans carte papier des randos qui sont proposées..

Alors que la plupart des personnes, après ces différentes formalités, prennent une navette les conduisant du côté Est du parc, du côté des tours (certaines personnes ne restant qu’une journée, elles montent seulement voir les tours tandis qu’une partie des gens réalise le W d’Est en Ouest ou comme nous d’Ouest en Est), nous remontons dans le meme bus afin de nous rendre au Terminus Administracion. Avant cela, nous ferons encore un arrêt, Guarderia Pudeto pour les personnes souhaitant prendre le « catamaran » (18.000 $CLP -> 24 € /pers) et qui permet d’arriver sans marcher, directement à Paine Grande le même point de chute que celui de notre premiere journée.

En effet, l’objectif de cette premiere journée est Administracion (point vert) vers Paine Grande (point rouge) : au programme 5h de marche, 17,5 Km.

Carte détaillée : Administracion -> Paine Grande. On peut voir également l’itinéraire prenant le « catamaran », que nous voulons éviter sur le Lago Pehoé.

11h30, nous descendons à l’arrêt Administracion. Nous prenons le temps d’ajuster nos sacs, sortir les cookies que j’avais préparé la veille pour couper le petit creux qui commence, déjà, à se faire ressentir mais … un garde nous interpelle! Il nous demande où nous nous rendons, je lui réponds Paine Grande. Ils nous dit qu’on ne peut s’y rendre par le sentier normalement prévu, qu’il est fermé dans ce sens (mais pas dans l’autre : Paine Grande -> Administracion) et qu’il faut faire demi-tour, prendre le « catamaran » (qui n’en est pas un) et que celui-ci nous déposera à Paine Grande. Economes et grands sportifs que nous sommes, nous souhaitions commencer par cette marche plutôt simple, histoire de nous mettre en jambe et éviter de payer le catamaran. Nos petites jambes peuvent bien nous conduire à notre campement!?!

Il insiste, je perds patience, et lui dit qu’on ne payera pas le cata, que nulle part nous avons été informés de cette fermeture de sentier, que les cartes que ce soit en ville ou à l’entrée du parc ne sont pas à jour. Il me soutient que si, je lui montre un photo prise lors du stop à l’entrée du Parc (et oui! comme dis plus tôt ils n’avaient aucune carte à fournir en papier et pourtant ils nous parlent de sécurité…) et il me soutient encore que c’est à jour alors que rien n’est indiqué sur ma photo! Ben commence à ré-expliquer qu’on ne nous l’a jamais indiqué mais il insiste en nous disant de faire demi-tour et que si nous sommes surpris sur ce sentier, nous risquons une amende! Et ajoute, que la carte est à jour sur internet… Heureusement, on l’appelle, il s’en va en nous prévenant qu’il revient, on en profite pour s’éclipser!

C’est parti pour 5h de marche indiquée et 17,5 km, je ne vous cache pas que je n’étais pas dans la plus zen des attitudes, m’attendant à me faire rattraper par un RAM 1500 V8 Turbo HDI lancé à vive allure ou par des gardes à cheval.

Dodge RAM équivalent à celui des Carabineros (=gendarmes) Chiliens… Par contre nous n’avons pas croisé de Carabineros de ce genre. Photo non contractuelle…

A noter que nous avions quand même élaboré une stratégie à l’approche de Paine Grande : dès que nous sommes à vue des gardes, on accélère l’allure et on fait profil bas! Mais, il nous sera difficile d’accélérer l’allure : nous devrons descendre une pentes abruptes faites de rochers tranchants tout en faisant attention aux rafales de vents susceptibles de nous pousser vers le lac en contre bas. Enfin, coté camouflage, nous ne pouvons pas dire que nos vestes soient d’un coloris des plus discrets…

Nous arriverons à notre campement sans encombre après ces 5h petites heures de marche. Les paysages de cette première journée étaient déjà superbes, montagnes enneigées, lac Pehoé d’un bleu époustouflant, champs à perte de vue… Nous croiserons quelques lièvres et verrons de jolies orchidées de Patagonie. La météo ? Digne de la Patagonie trés changeante au loin mais nous aurons seulement que de fortes rafales de vent et du soleil.

Nous nous enregistrons au campement puis installons rapidement la tente : la pluie commence à faire son apparatition. Nous trouvons refuge dans un grand abri où tous les campeurs se regroupent pour être au chaud et cuisiner. 18h, les portes des douches s’ouvrent, 18h30 notre popote chauffe, 19h15 dans les sacs de couchage!

Le vent soufflera fort toute la nuit, nous réveillant à l’occasion.

 

PS : le nom du parc Torres Del Paine vient des 3 tours (=Torres) de granit qui sont visibles de trés loin et qui sont le clou du spectacle.

PS 2 : les fleurs violettes sont appelées Lathyrus Magellanicus c’est un pois nain, les orchidées jaunes sont appelées Gavilea Lutea.

 

Derniers jours à la Fernanda

Notre dernière semaine à l’estancia fut agrémentée de quelques nouveautés.

Un matin, Ricardo nous montra un hibou devant la maison, chose rare. Nous nous approcherons doucement avec Marité et au moment où nous serons en mesure de distinguer une proie entre ces serfs acérés, il prendra son envol, abandonnant son butin, un lapin.

Le même jour deux Liégeois, Renaud et Laura, nous rejoignent à l’Estancia : de quoi nous décharger un peu de quelques tâches et surtout de pouvoir échanger avec eux. Ils partagerons avec nous la naissance de plusieurs poussins, dont Elvis et Presley  qui furent les deux premiers (Elvis porte une crête, Presley non, et vue que le premier n’existe pas sans le second…)… Presley nous quittera, d’une overdose de nourriture?, une semaine plus tard… Rassurez-vous chers lecteurs : le King est immortel! non?

Nous ferons la connaissance également d’un poussin nommé « Jésus », un poussin qui fut jeté au compost’ par Marit’, vue qu’il semblait totalement inerte, jusqu’à ce que ce dernier soit récupéré in-extrémis en vie, par Matilde. Une opération digne des plus grands hôpitaux sera également tentée pour soigner la pauvre bête. Le lendemain de cette dernière, Jésus était sur le point de retourner une nouvelle fois au compost’, cette fois-ci emmené par Karen, lorsque Matilde, encore, constata qu’il était toujours vivant. Le troisième jours aura raison de lui. « A Dieu, Jésus! »

Lors d’une balade en compagnie de Laura et Renaud, nous rencontrerons un agneau qui, nous le saurons plus tard, s’est fait mordre au niveau de la nuque par un renard. Handicapé au niveau du train avant et incapable de marcher, nous décidons de le porter et de le ramener jusqu’à l’Estancia. Nous baptiserons (certains dirons que je suis, encore, l’instigateur de ce nom douteux) cet agneau de « Natacha » en référence à sa nuque « tendue » et au « T’es tendu Natacha » de Dikkenek… Nous le nourrirons au biberon pendant le reste du séjour, mais les nuits fraiches de Patagonie auront raison de lui quelques jours après notre départ. Il rejoindra Jésus, Presley (et Johnny?).

Nous mettrons en place, avec l’aide de Ricardo (en y réfléchissant l’inverse serait plus juste), un filet de pêche d’une cinquantaine de mètres et nécessitant tout autant d’énergie afin d’être mis que sortie de l’eau. Le vidage/nettoyage des poissons nous sera confié.

Un agneau sera tué pour que nous ayons de la viande fraiche. Ricardo le découpera en pièce à la scie manuel, les filles trancherons les morceaux au détail.

Enfin, la pluie faisant son apparition durant quelques jours, cela nous donnera le temps de jouer aux échecs. Mais aussi de faire le sapin de Noel!

Nous rentrons à Puerto Natales le 10 décembre,  afin de préparer dans le calme Le Torres Del Paine (à prononcer, si vous souhaitez frimer pendant le réveillon, Tor-S Del Pahiyiyiné).

 

« Vis ma vie » à l’Estancia et la rencontre avec « Le Limier »

Trois jours passent, Ricardo part rejoindre Karen et ses filles qui l’attendent à Puerto Natales. Elles sont revenues en bus de leurs vacances et n’ont pas de voiture pour rejoindre l’Estancia après la traversée. Le vent rendant impossible toute traversée ils nous préviennent par téléphone qu’ils seront de retour le lendemain lorsque le vent se sera calmé. Au final, ils mettront 3 jours pour traverser.

Nous sommes maintenant 6, le rythme change, les discussions nous font progresser en espagnol et la météo est plutôt clémente! Tout roule!

Nous nous habituons aux commodités de l’endroit :

  • l’électricité provient d’une éolienne (qui fait des siennes) et de panneaux solaires… Jusque 20h, heure où Ricardo allume le groupe électrogène, il n’y a donc pas d’électricité dans la maison.
  • l’eau provient d’une source et d’un barrage en amont qui arrive ensuite jusqu’à un réservoir par le biais de canalisations (un bon kilomètre). La filtration est 100 %  naturelle, mais pas 100% efficace. L’eau passe dans des graviers, des herbes, des plantes aquatiques et effectivement, l’eau que nous buvons n’est pas limpide mais plutôt brune et terreuse en bouche… La solution? Un peu de sirop  pour cacher tout cela, et le tour est joué!
  • Pour le chauffage et la cuisine, c’est du 2 en 1 : le tout est au bois avec ses avantages et inconvénients. Le four et les plaques de cuisson chauffent très (trop?) bien, mais en contre partie, il est impératif de prendre un torchon pour saisir la moindre casserole sous peine de brulures.

Nous diversifions un peu nos activités : Ben montera à cheval (pas de photo à l’appui, DECUE!!!), nettoiera le barrage (en vain) dans l’espoir d’avoir un eau plus claire (il a une passion cachée pour les barrages…), creusera de nombreux trous afin de réparer des enclos pour le bétail, ira couper du bois de pour le feu et les enclos, nous aideront Ricardo à séparer des vaches de différents âges, il y aura (pour ma part) du repiquage, désherbage, béchage, coupe d’herbes, nettoyage, arrosage, réparations de serres aidées de Ben. Et les jours de pluie, nous nous « amuserons » à détricoter des pulls, à retapisser un canapé.

Le constat est qu’ici tout prend du temps, que cela soit pour faire un nouvel enclos (aller en forêt, couper un arbre, travailler le bois, ramener le bois, faire le/les trous, clouer le tout…), soit pour « entretenir » l’éolienne ou le barrage, se chauffer et cuisiner. Tout est rapidement chronophage et le système D est de mise.

Bref, la vie suit son cours jusqu’au 15 novembre….

Il est 11h, Marité est dans la maison alors que moi je suis dans le jardin à retourner un lopin de terre depuis 2 bonnes heures. J’entends que l’on m’appelle. C’est Almendra, l’ainée des deux filles de Karen et Ricardo. Elle me dit très calmement que Marit’ veut me voir. Je vais donc, en prenant tout mon temps, jusqu’à la maison. Là, je découvre Marité la tête dans l’évier de la cuisine, elle tremble. Ricardo et Karen sont non loin avec des invités, et non rien vu de ce qu’il venait de se passer.

Je comprends vite qu’elle s’est brulée au visage… bien brulée! Elle a une partie du front et du nez qui a pellé quasiment instantanément. Je ne cherche même pas à savoir ce qu’elle a pu faire pour en arriver là, l’heure n’est pas au sermons ou aux explications. Je lui propose tout d’abord d’aller jusqu’à la salle de bain afin qu’elle puisse plus facilement mettre de l’eau froide sur ses plaies. Quelque peu paniquée, elle cherche à discuter, je lui impose, elle s’exécute. Pendant ce temps, j’informe Karen des événements et lui demande une bassine que je remplis d’eau froide. Hélas, et faute de mieux, l’eau n’est pas claire, pas cristalline : elle est terreuse, loin d’être idéal dans notre cas de figure. Une fois la bassine remplie, je la donne à Marité et elle commence à faire de longues apnées dans la bassine afin que l’ensemble de son visage soit immergé afin de calmer la douleur et d’arrêter la brulure. Ces apnées dureront au total prés de 3h… Je demande à Karen qu’elle partage sa connexion internet pour me permettre de contacter mon père, médecin, et ma mère, mère de famille et accessoirement infirmière. Intérieurement, à ce moment précis, j’ai peu d’espoir d’avoir une réponse rapide : ma mère a parfois quelques difficultés à utiliser son téléphone, qui est, la plupart du temps en mode silencieux ou éteint au fond de son sac. Mon père lui ne contrôle sa boite mail que quelques fois dans la journée.

Ma mère me donnera tort, normal me diriez-vous, une mère est faite pour donner tord à ces enfants! Sa réponse arrive dans les 2 minutes. Nous échangeons rapidement, elle nous indique ce que nous devons faire et notamment avoir de l’eau propre/désinfectée, « tiède sans être froide ». Hors, ici l’eau arrive directement d’une source et est bouillie puis refroidie avant d’être consommée. Bref, pour avoir cette eau désinfectée, il nous faudrait 15-20 minutes de chauffe, puis encore 20-30 minutes afin de refroidir le tout : impossible. Sans compter que l’eau, même désinfectée est terreuse. La situation est donc quelque peu compliquée …

Dans ce malheureux accident, nous aurons eu un peu de chance : nous avions de la vaseline, qui nous a été très utile pour graisser le visage de Marité, et le fait également qu’elle ai eu des lunettes. Ces dernières ont surement arrêté ou dévié une grande partie de l’eau bouillante de ses yeux. Ceci nous permettra d’éviter l’hôpital, qui est à 2h de route minimum du lieu où nous étions.

Marité a donc écopé de deux semaines d’interdiction de sorties (à cause du soleil et de la poussière), de pansements avec des corps gras afin d’hydrater-protéger la peau sous le contrôle et les conseils réguliers de mes parents. Enfin, elle héritera de différents surnoms, plus ou moins douteux, tel que « monstre » (à prononcer comme dans Quasimodo del Paris), « Double Face » (Batman Dark Knight de Christopher Nolan) ou encore « Le Limier » (Game Of Thrones),  qui pour les deux derniers, ont été brulés de façon assez significative au visage.

Pour les explications « du comment du pourquoi », comme expliqué ci dessus, l’eau que nous buvons doit être bouillie dans des théières afin d’être désinfectée, refroidie, puis mise dans des cruches en verres. Depuis le début, Marité et moi placions ces théières dans lévier, dans un bain d’eau froide, durant 20-30 minutes afin d’accélérer l’abaissement de la température. Hors là, pour une raison inexplicable (hormis l’inattention la plus totale), Marité a directement mis une eau qui devait caresser les 150°C directement dans la cruche en verre, sans l’avoir préalablement fait reposer. Le résultat fut que la cruche en verre céda, et que l’eau fut projetée en l’air et au visage de notre apprentie cuisinière/fermière.

Bref, une erreur vraiment idiote qui aurait pu avoir des conséquences beaucoup plus grave!

 

 

PS : les champignons oranges sur l’arbre sont appelés  « Digueñe ». L’arbre s’appelle le « Hualle » et donne ce champignon en guise de fruit. Bien que peu appétissant ils est comestible!

 

 

 

 

Premiers jours à l’Estancia

C’était un peu silence radio ce mois-ci. On vous explique ici pourquoi!

Nous avons passé la frontière argentino-chilienne le 5 novembre afin de nous rendre à Puerto Natales pour y réaliser notre Workaway d’un mois. Le principe est simple : on aide les gens dans leur vie/travail quotidien et en échange, ils nous accueillent et nous offrent le repas. Notre choix s’est porté sur une Estancia (=ferme) proche de Puerto Natales, sur la péninsule Antonio Barras.

Mais dans un premier temps, c’est au camping Guino (http://campinguino.com/) que nous poserons notre tente, pas très loin de la station de bus de la ville et du centre ville : parfait! Très bon camping, bien équipés avec une cuisine commune, sanitaires propres et super vue sur la mer. Nous nous sommes régalés d’un très bon burger pour Ben et des nachos pour moi au restaurant du Wild Hostel et avons croisés un chien d’une rare beauté et propreté.

Nous y resterons quelques jours avant que Ricardo, le propriétaire de l’Estancia, vienne nous chercher. En attendant, nous occuperons nos journées à nous balader dans la ville, à mettre à jour les articles que vous attendez tous avec impatience et à préparer le trek du Torres Del Paine (https://fr.wikipedia.org/wiki/Parc_national_Torres_del_Paine) prévue le 13 décembre.

Au départ, Ricardo devait venir nous récupérer le 6 novembre. Mais revenant de vacances, le trajet ayant pris plus de temps que prévu, il arrive aux environs de 20h et nous annonce qu’on ne pourra pas traverser la mer afin de rejoindre son Estancia car il est trop tard pour prendre un bateau. Pas de soucis, on re-déballe la tente pour une nuit et le RDV est pris pour le lendemain 11h.

Le lendemain, Ricardo arrive cette fois avec 1 heure d’avance, et alors que nous sommes en plein remballage de la tente, il nous presse en disant que nous risquons, cette fois-ci, de louper le bateau. Un peu étonnés de ces premiers échanges plutôt injonctifs, nous nous exécutons. Imperturbables, nous finissons le démontage de tente et prenons place dans son 4×4. A l’embarcadère de Puerto Natales, un petit bateau permettant d’accueillir 2-3 voitures nous attend. Nous sommes seuls à bord, la traversée durera 15 minutes que nous agrémenterons en discutant avec un homme à bord qui nous expliquera qu’il a déjà travaillé avec Ricardo et que c’est super! Cela nous rassure pour la suite…

Nous débarquons et nous roulons 30 minutes sur une route de gravillons puis 30 minutes dans les champs à allure très très réduite : l’herbe est détrempée, le sol quant à lui est « gadoueux », bossellé et en devers.

Nous voilà arrivés à bon port! Plusieurs constructions se distinguent : hangars, abris, petites maisonnettes et la maison. Nous sommes au bord de la mer, pas un voisin depuis 40 minutes de voiture, des champs vallonnés, des montagnes aux sommets enneigés autour de nous mais aussi moutons, vaches, chevaux et au loin le Torres Del Paine. La vue est superbe!

Nous sommes accueillis par Pluma le chien, deux moutons Crotti et Crotta (surnoms donnés par Ben – voir ci-dessous les photos pour connaître l’origine des prénoms –> sans commentaire) et Luna l’agneau d’une semaine abandonnée par sa maman. Nous rencontrerons les deux chats de la maison Minina et Minina (oui oui les deux mêmes prénoms), un peu plus tard. Nous rencontrons également un couple de Tchèques qui était resté garder la maison durant les deux semaines de vacances de la famille et s’occuper de tout ce beau monde. Les filles (Karen et les deux filles) devraient nous rejoindre dans 3 jours.

Le couple de Tchèques nous détaille les tâches à exécuter. Voilà donc ce qui nous attend durant les 3 jours : petit-déj’ à 7h30 pour être sur le pied de guerre à 8h, coupage du bois et petit bois, entretien du feu de la cuisinière toute la journée afin de permettre de chauffer l’endroit et de cuisiner, arrosage du jardin (2h30 environ), nourrissage des poules et relevage des œufs, nourrissage de Luna au biberon 4 fois par jour toutes les 4 heures à partir de 8h, faire bouillir de l’eau (nous reviendrons un peu plus tard sur cet élément…#Spoiler) pour « tuer » les bactéries, préparer le déjeuner pour 12h pétante, confection du pain, préparer le thé pour 17h pétante, ménage et quelques travaux de jardin. Le thé est en effet chez eux le dernier repas de la journée. D’autres tâches non répétitives seront données à l’occasion par Ricardo. Mais c’est en gros ce dont on est chargé en attendant que la famille soit au complet ! Ben s’accapare bien entendu du bois, des poules et surtout du biberon! Véritablement, le temps du biberon est son moment à lui…

Les Tchèque nous amèneront jusqu’à notre demeure que nous occuperons durant ce mois. Une charmante maisonnette surplombant la maison familiale et à quelques centaines de mètres de cette dernière. Nous avons une superbe vue sur la péninsule et les montagnes!

Deux jours après notre arrivée, un nouvel orphelin, un veau de quelques jours qui n’a que la peau sur les os sera recueillis. Ben le nommera Moka (en référence selon lui au «  ‘magnifique’ chien de ta tante »), prénom qui sera adopté non sans mal, plus tard par les filles. Biberon exigé 4 fois par jour, Benoit se chargera avec enthousiasme de cette tâche. Il se prétend le père adoptif et mettra tout en œuvre pour aider ce veau bien maigre et peu actif.

Voilà nos premiers jours à l’Estancia. D’autres articles suivront pour vos raconter nos (mes)aventures!

PS : l’oiseau noir au reflet bleu est un Golondrina Chilena. 

 

 

 

 

Glacier Huemul et retour vers El Chalten

Bien que nous souhaitions à la base faire la randonnée du Lago Desierto, nous décidons de changer de programme afin de réaliser uniquement le sentier menant au Glacier Huemul. En effet, après discussion avec Ben, nous réalisons que le retour vers El Chalten s’annonce aussi compliqué que le trajet aller, le temps n’est toujours pas des plus agréable pour marcher, et enfin d’autres sentiers sont à réaliser à El Chalten où la météo semble plus clémente car nous sommes ici véritablement dans une cuvette!

En ce 23 octobre, après 2 jours non stop de pluie et de vent, une éclaircie se dessine au loin. Bon, rien d’exceptionnel : une éclaircie digne de celle de Lorraine en plein mois de novembre : un thermomètre qui caresse les 5 degrés, le bonnet et les gants sont fortement conseillés ; quant aux équipements de pluie, ils sont tout simplement obligatoires! Nous partons sans sac à dos, que nous laissons au camping, et en pleine forme pour une rando annoncée d’une heure, en direction du glacier. Après s’être acquité d’un droit d’entrée (encore) de quelques pesos, nous grimpons à travers la forêt. Le «chemin» est balisé via un marquage jaune et, est aménagé, dans les parties les plus difficiles, de cordes facilitant l’ascension. Après 45 minutes de grimpette, nous arrivons au glacier et passons par la même ocassion sous la barre des 0 degrés, ce qui remplace la pluie par quelques flocons de neige.

La brume cache le sommet mais nous pouvons apercevoir le glacier dans la brume, au pied d’eaux turquoises. Très joli et la neige donne malgré tout un certain charme!

Nous redescendons rapidement au camping afin de nous donner toutes les chances de trouver un véhicule pour le trajet retour vers Chalten. Et ce jour là, la chance nous sourit. Dans un premier temps, Ben va voir l’ensemble des chauffeurs de bus touristiques pour trouver un véhicule, même si cela signifie d’utiliser le peu de pesos en cash qu’il nous reste pour payer le voyage. Le premier refuse, le second nous propose de payer un aller-retour plein tarif pour faire uniquement un trajet retour … (#Pigeon?), le troisième propose dans un premier temps 50 euros, que nous négocions à 25 euros. Nous acceptons.

Notre retour est sécurisé, le départ est prévu dans l’heure : nous avons une bonne solution, mais nous pouvons faire mieux. Un français, voulant réaliser l’ascension du glacier, vient à notre rencontre, nous lui expliquons le déroulement de l’ascension, puis au fil de la conversation, notre situation. Ce dernier nous propose de nous prendre si nous sommes toujours là dans deux heures lorsqu’il revient. Bonne nouvelle! Par politesse, Ben prévient le chauffeur de bus que nous ne rentrerons pas avec lui. Des voitures passent, Ben continu à faire du stop. Et là, un couple d’Italien, en lune de miel, nous propose de retourner avec eux. Nous sautons sur l’occasion sans hésiter. Ils ont la trentaine et sont italiens, lui est pilote d’avion de transport militaire, elle médecin. Nous échangerons durant tout le trajet, principalement Ben, qui interrogera le jeune marié sur l’aviation italienne. Arrivés à Chalten, nous les inviterons à prendre une bière où Ben sera à deux doigts de créer un incident diplomatique lorsqu’il expliquera d’une part qu’il met des champignons et des lardons dans sa sauce bolognaise, que le Tiffozi qualifiera de «ragout», et qu’il n’a aucune honte à couper des spaghettis pour les déguster. Une hérésie que ces Romains prendrons avec beaucoup d’humour!

 

 

Arrivée à l’Estancia Lago Del Desierto

( Nous voici revenu d’un mois de Workaway à Puerto Natales au Chili, qui fera l’objet de quelques articles un peu plus tard. Nous avions une connexion internet occasionnelle ce qui explique notre long silence! Welcome back! )


Après notre journée randonné vers le Fitz Roy, puis notre retour sur El Sendero Bahia Blanca et la recherche du (fameux?) camping introuvable/fermé, nous mettons cap au Nord, vers le Lago Desierto, un lac qui sert de frontière entre le Chili et l’Argentine.

Ce dernier se trouve au bout d’une piste (35 kilomètres à partir d’El Chalten, 18 kilomètres du camping fantôme), quelques peu sinueuse, qui, après nos péripéties de la veille ne nous fait nullement peur (même pas un vague battement de cils, c’est dire!). Intérieurement, même si le moral est là, il faut bien avouer que nous sommes un peu usés physiquement. Nous espérons secrètement qu’une âme charitable nous prenne en auto-stop afin de finir tranquillement cette étape. Nous partons encore, (trop?) confiant: un guide de l’office du tourisme d’El Chalten nous avait rassuré en nous informant qu’il était facile de faire du stop!

Notre constat fut quelque peu différent : peu de voitures, beaucoup de bus touristique ou de locaux qui travaillent et qui ne s’arrêtent donc pas.

Nous vous passerons les détails de ces kilomètres entre le camping et le Lago: 12km de parcourus, 3h00 avec les sacs à dos, peu de rencontre, mise à part avec des arbres qui «sourient» (un peu étrange), mais pas de voiture pour nous prendre. Il est bientôt 13h, la faim nous gagne. Nous tombons d’accord pour manger sur le pouce, mais avant de sortir tout le matériel nous nous disons : «Si une voiture s’arrête, qu’il y ait de notre repas qui chauffe ou non, on balance tout, on remballe tout et on monte dans la voiture!». Nous sortons donc réchaud, casserole, assiettes et mettons rapidement de l’eau à chauffer. Alors que cette dernière arrivait à ébullition, un mini-bus pointe le bout de son nez… Sans espoir et totalement dépité, je dis à Marité d’essayer, pour la dixième fois de faire du stop… au cas où.

«Ho le con! Il s’arrête!!!!»! La gamelle d’eau est vite jetée, le réchaud, rouge de chaleur, est replié avec quelques difficulté (il en résultera quelques cloques)! Par sécurité, j’ordonne à Marité de prendre place dans la voiture, de peur que le chauffeur change d’avis ! Bref, en 1 minute tout est bourré dans les sacs! Nous sommes sauvés! Nos compagnons de voyage en plus du chauffeur, sont un couple d’Argentin. Le couple, entre 70(+) et 80(+) ans est très sympathique, la femme, qui est une ex-professeur d’Anglais, engage rapidement la conversation. Nous nous arrêtons avec le couple au Lago Desierto, là, le mari me dit discrètement de donner un pourboire au chauffeur. Je m’exécute sans discuter : il nous a sauvé la vie ce brave homme!

Nous nous présentons ensuite au camping pour les formalités. Ce dernier vient juste d’ouvrir : service minimum (eau «chaude», électricité, le strict minimum car le saison n’a pas commencé), et aucun touriste mis à part nous. Nous plantons notre tente en plein milieu d’un petit champ entouré d’une épaisse forêt à quelques dizaines de mètres du Lago Desierto.

Ici, tout est récent, un abris dont nous userons est à notre disposition ainsi qu’un bâtiment de douche.

Le temps se couvre rapidement : la pluie et le vent arrivent rapidement, ce qui nous forcera à rester 2 jours dans la tente.

Ces deux journées sont donc peu dynamiques, ce qui pour ma part ne me pose aucun souci : cela nous permet de lire énormément (De la terre à la Lune et 20.000 lieues sous les mers pour mois, tandis que Marit’enchaîne les Thilliez).

Les soirées sont quant à elles assez stressantes : en effet, à partir de 18h30-19h le vent se lève et sa vitesse s’intensifie durant toute la nuit avec des rafales, nous l’apprendrons plus tard, à 110 km/h.

Les vents sont d’une telle force qu’ils ont quelque peu vrillé l’armature de notre tente, qui a heureusement tenu bon, ce dont nous avons douté à certains moments… Cette dernière s’est en effet pliée plusieurs fois à angle droit et ce, durant de longues secondes…Pas vraiment rassurant.

Le champs où nous campions était localisé dans une cuvette et le vent la traversait de part en part. Nous avions donc le «plaisir» et l’inquiétude d’entendre le vent arrivé de loin. En effet, nous entendions les arbres se plier, les branches s’entrechoquer, les troncs craquer, bref nous entendions ce vent se rapprocher tel un troupeau en furie qui d’un coup, se ruait sur notre notre minuscule abris. Deux nuits qui furent donc très assourdissantes et agités malgré l’absence de voisin, mis à part les peaux de vaches qui sèchent à quelques mètres de nous et les quelques Zoros(/renards) qui rodent.

Les différentes personnes travaillant dans ce camping on été très sympathiques et « au petit » soin malgré le peu de commodités dont ils ont pu nous mettre à disposition. Après une douche glaciale que je n’ai pas osé prendre et que Marité n’a que passablement apprécié, le responsable fit le nécéssaire pour que nous puissions disposer d’une vraie douche chaude le lendemain.
Un autre, avec qui nous avons longuement discuté et à qui nous avions demandé de nous apporter de la ville du chocolat et du lait, nous a tout simplement offert ces sucreries et ce, malgré l’insistance dont nous avons fait preuve pour régler notre dette. Un dernier nous a offert le maté continuellement durant la journée et faisait preuve de pédagogie afin de nous faire progresser notre espagnol.

 

 

 

El Fitz Roy & « un kilomètre à pied, ça use les souliers »

2 jours après notre arrivée à El Calafate, nous décidons d’aller à El Chaltén, capitale nationale (auto-proclamée?) du trekking. Après quelques heures de bus et 215 km parcourus, nous arrivons vers 11h à l’entrée la ville et plus précisément au Centro de visitantes del Parque Nacional Los Glaciares. Tous les bus s’y arrêtent : il est d’usage de recevoir les informations concernant le parc que ce soit d’un point de vue météorologique et sécuritaire que des comportements à adopter en cas de rencontre avec un Puma.

Le message qui nous est donné est clair : aujourd’hui, au vue de ce soleil radieux il faut faire le Fitz Roy, l’un des symboles de la Patagonie.

Nous sommes donc bien décidés à profiter de ce superbe temps. Après avoir englouti quelques medialunas fraichement achetées et pris la pose devant le panneau d’entrée de la ville nous sommes prêts à partir : les sacs à dos sont bien ajustés et le parcours est défini. Première étape de 11km de marche, via le sentier El Sendero Al Fitz Roy, pour atteindre le Fitz Roy, puis 4 kilomètres sur El Sendero Piedras Blancas afin d’atteindre le camping Ricanor pour y passer la nuit. Dès le départ, le sentier annonce la couleur : le panorama sur la vallée est majestueux et la pente nous fait déjà quelques peu suer (à noter que nous transportons 35 kilos de matos/victuailles à deux).

Quelques points de vue sont indiqués tout au long du sentier et nous permettent de prendre de très belles photos! Celui appelé Fitz Roy est vraiment magnifique, c’est notre préféré! Nous avons la vue sur le sommet de ce monument naturel, mais aussi sur le Glaciar Piedras Blancas (ici avec à gauche le Fitz Roy, à droite, le glacier).

Après deux bonnes heures de marche, à mi-parcours, nous décidons de bivouaquer à la Laguna Capri afin de manger. Vue que nous sommes (sur)équipés, les sandwichs froids sont exclus : cela sera pâtes pesto ! Simple et efficace.

Le repas englouti, nous reprenons notre route en direction du camping Poincenot, dernière étape avant l’ascension finale du Fitz Roy.

A la différence du Glaciar Martial où les chemins n’étaient pas trés bien balisés (ce qui nous avait valu quelques détours chronophages…), les sentiers sont ici très bien indiqués et les distances inscrites sur la carte semblent (….) conformes.

Nous arrivons un peu tard au Camping Poincenot : il est 16h30, le soleil baisse déjà. Nous nous délestons rapidement de nos sacs afin de réaliser l’ultime ascension le plus rapidement possible. Une course contre la montre s’engage, arriver au sommet avant le couché du soleil!

Une personne nous indique qu’il faut compter 1h30 pour rejoindre le sommet, nous mettrons une heure. Ce chemin est très technique et assez physique. Rien d’insurmontable, mais tout de même! Le sentier est en fait tortueux, grimpe et est essentiellement fait de grosses roches qui forment de hautes marches. Nous arrivons enfin en haut : la vue de ce sommet, qui fait face au Fitz Roy, est … sympa. Nous ne la trouvons pas exceptionnelle.

Nous faisons demi-tour, il est maintenant 18h00, nous devons encore re-descendre afin de récupérer nos affaires au Camping Poincenot, puis faire encore 4 kilomètres (…) afin de rejoindre la route et notre camping, en vue d’aller au Nord du parc le lendemain (Lago Del Desierto).

La descente est plus dure que la montée : les marches de pierres sont hautes, les genoux n’apprécient donc guère d’être aussi mal traités. La montée était dure musculairement, la descente l’est du fait des chocs. Les articulations souffrent.

19h00, nous sommes au camping, nous récupérons notre packtage et nous partons vers l’Est en longeant le lit de la rivière Rio Blanco. Heure d’arrivée prévue 20h00.

Le parcours est roulant et somme toute en faux plat descendant. Nous marchons jusqu’à la route (ruta 41) qui longe le parc.  Il est 20h00, nous savourons ce que nous croyons être nos dernières minutes de marche.

20h30, pas de camping. Notre Cartographe/Guide/Professeur de C.O (#NoComment) s’impatiente et y met tout son coeur! « C’est pas possible! La carte c’est de la me$$$ ! Et ce matin le mec là il nous a pas dit que [Bla bla+pas contente] ». Voila comment se comportent les fonctionnaires de l’éducation nationale dans l’intimité, en vacance, en dispo! Bravo!

Pour ma part, je prends mon mal en patience et calme le jeu auprès de Marit’. Nous avançons rapidement, mais la nuit commence elle aussi à poindre le bout de son nez.

Nous marchons… les jambes sont lourdes, mais le morale est là. Nous marchons….

21h, toujours pas de camping. Nous décidons d’arrêter une voiture allant vers Chaltén,(direction opposée à notre destination). Je prend les devants et interroge le conducteur, de peur que ma partenaire de voyage ne soit pas suffisamment diplomate. « Le camping est à 5 minutes! »

… Au moment où la voiture repart, je me pose LA question : « 5 minutes ok, mais… en voiture ou ….. à pied? »

21h15, pas de camping, j’ai ma réponse il s’agissait de 5 minutes en voiture…

21h30, « **%£&°#@%% de carte! » ne cesse de répéter mon guide, et renchérie avec un « Bord£# ! En plus on a pas de milka! ». La peur me gagne : vais-je, pour la première fois de ce voyage, devoir partager équitablement notre souper et non plus suivant la règle établie des 4/5 à mon avantage ?

22h15, de la lumière ! Nous nous approchons. Une maisons isolée, aucune affiche indiquant un camping. Vue que nous marchons à la frontale depuis peu (et avec une pierre à la main en cas d’attaque de Puma, sait-on jamais) et que le propriétaire est à l’extérieur, il nous voit et vient à notre rencontre.

« Le camping est à 100 mètres, il est ouvert depuis hier! » (100 mètres t’es sur? pas 1000!?!)

101 mètres plus tard, un panneau, nous donne la direction du camping dans allée qui nous semble interminable. Quelques lumières scintillent timidement dans l’obscurité, le camping est désert. Un garde vient nous voir. Nous lui expliquons que nous souhaitons camper… ce qui, dans ce camping, semble poser problème. En effet, il nous emmène voir « El dueno » pour avoir son autorisation. 5 minutes de marche plus tard, toujours avec nos sac dans le dos, un homme sort d’une petite bâtisse. Il est surpris et a un comportement assez froid (ce que je peux comprendre vue qu’il est 22h passées). Il donne son accord! Ouf! Nous retournons dans le camping, où le garde nous propose de faire une visite éclaire des sanitaires & banos. Le verdict est sans appel : nous ne nous doucherons pas ce soir et nous n’irons pas non plus aux toilettes (#peinturemaison?).

Nous installons notre camp. Le rôle de chacun est vite défini : la femme au fourneau [NDLR : je vous vois vous offusquer dans le fond!], l’homme à la construction de l’abris pour la nuit.

En 10 minutes tout est prêt : la tente est montée, les matelas gonflés, le diner préparé, les sac de couchage déballés et les estomacs en bonne voie d’être rassasiés!

Il est 23h, nous sommes debout depuis 5h30 du matin et avons une vingtaines de kilomètres dans les pattes, sans compter le dénivelé. Notre repas fini, il est grand temps de se coucher et de se reposer… mais une seule chose nous manque :

« On aurait vraiment du acheter du chocolat ! »

 

Pour l’histoire : les Tehuelches furent les derniers indiens à peupler la région avant l’arrivée des espagnols. Le Fitz Roy fut d’abord baptisé par ces derniers Cerro Chaltén littéralement la montagne qui fume. En effet, son sommet est toujours entouré de nuages qui peut faire penser à un volcan.

Les fleurs rouges sont des Mata Guanaco.

L’animal noir et blanc (dans les dernières photos, celle très zoomée de mauvais qualité #merci) est un Zorrino Patagonico.

 

 

El Glaciar Perito Moreno

Au lendemain de notre arrivée à El Calafate, nous décidons de nous rendre au Glaciar Perito Moreno. Une belle journée est annoncée et le soleil devrait être de la partie!

Le bus vient nous chercher au camping à 6h30, et fait la tournée des hôtels de la ville pour récupérer les touristes ayant eu la même idée que nous. Notre bus quitte la ville à 8h00 et nous arrivons après 80 km de route à l’entrée du parc national Los Glaciares vers 11h00. Une fois, le paiement effectué par l’ensemble des passagers, nous continuons sur quelques kilomètres et déjà au détour d’un virage, nous apercevons le glacier d’un blanc éclatant contrastant avec le bleu du Lago Argentino!

Le chauffeur nous dépose à un parking et nous annonce que nous avons jusque 15h15 pour profiter de l’endroit.

Nous commençons notre visite par le sentier bleu, El Sendero de la Costa. Il permet de nous approcher tranquillement du fameux bloc de glace et de se rendre compte, au fur et à mesure de notre avancée, de son immensité! Ces mensurations parlent d’elles même : avec quelques 60m de hauteur (partie visible!), 5 km de large et 30 km de long, il en impose. Où le Perito Moreno est exceptionnel, c’est aussi de part son accessibilité : ce glacier est bas en altitude, dans une zone très peu escarpée et donc facile d’accès. Tout cela nous permet de profiter d’une vue époustouflante, du glacier en lui même c’est sur, mais aussi de l’autre facette de ce lieu avec le Lago Argentino, les montagnes des Andes et les forêts alentours.

Nous arrivons ensuite sur le sentier jaune, Paseo Central, qui dispose de « balcons » offrant une vue au plus proche du glacier. Nous prendrons notre déjeuner sur cette passerelle et assisterons dans un fracas assourdissant au détachement de blocs de glace, dans le Canal de Los Tempanos.

Comme des enfants, nous sommes à l’affut d’autres chutes et décidons de nous éloigner de la foule afin de capter au mieux ces sons.. Nous nous dirigeons vers le sentier rouge, Circuito Inferior, qui contrairement à son nom, nous fait profiter d’un panorama plus en hauteur du glacier. La vue est grandiose! Nous pourrons avoir la chance d’admirer un autre détachement encore plus gros, entrainant de belles vagues!

Nous remontons ensuite par le sentier vert, Sendero del Bosque. Ce dernier nous fait passer par une foret de Lengua et nous fait rejoindre le sentier noir, Paseo Accesible.

En résumé, ce champ de glace est tout bonnement impressionnant! Et c’est sans parler des bruits qu’il dégage : tremblements, craquements, grondements tels le tonnerre! On en prend plein les yeux et les oreilles! Cette merveille naturelle (qui est la 3ème plus grande calotte glacière du monde après le Groenland et l’Antarctique) est la seule au monde, qui ne recule pas à l’heure actuelle!

D’ailleurs, il avance de 2m par jour. Du fait cette avancée, le glacier vient en buter contre la terre (la Péninsule de Magellan) ce qui a pour conséquence de couper le lac en deux parties. La glace cède, petit à petit, face à la pression de l’eau jusqu’à créer  une arche. Cette arche fond et sous son propre poids arrive à un point de rupture, où elle s’écroule. Ce phénomène se produit environ tous les 4 ans.

Ha et une dernière chose : « Pourquoi la glace est d’un bleu intense à certains endroits? ». La glace se forme du fait des chutes de  neige et de la pression que cette dernière exerce sur les couches inférieures. La neige, compactée sous le poids des neiges supérieures plus récentes, devient de la glace extrêmement dense. Hors, les rayons de lumière sont un assemblage de plusieurs longueurs d’ondes et, la lumière bleue, est celle qui a une longueur d’onde la plus courte, et qui donc est la plus susceptible de « traverser » des matériaux. Ici, donc, les autres longueurs d’ondes des autres couleurs sont bloquées.

Nous avons pu observer quelques animaux au détour de cette visite. Le petit oiseau au ventre jaune est un Phrygile à tête grise, le grand oiseau est un Condor des Andes. Quant à la flore, le fleur rouge est une Notro venant d’une arbuste.

 

 

Sortie en Bateau à Ushuaia

Le 15 octobre, Mauro nous a invité à l’accompagner lui et sa famille pour une ballade en mer avec des amis! Le terme « Marin d’eau douce » nous correspondant assez bien, nous nous enjaillons de cette sortie en bâteau.

Après quelques emplettes obligatoires afin d’avoir quelque chose dans le ventre en cas de mal de mer, nous nous rendons au port de plaisance local. Là, un voilier nous attend. Le capitaine, un ami d’enfance de Mauro, nous accueille à son bord. Les différents convives arrivent un à un, nous nous retrouvons à une bonne douzaine sur le pont.

Du fait du peu de vent ce jour là, nous naviguons au moteur. Moi qui espérais secrètement devoir aider à manoeuvrer l’embarcation, c’est raté. Mais après réflexion, il valait sans doute mieux une mer calme sans vent, que des creux de quelques mètres! Sans regret donc.

Nous mettons cap à l’Est vers l’Atlantique. Nous visons un petit agglomérat d’ilots.

En nous approchant d’une île, nous tombons sur une colonie de cormorans et de lions de mer, ces derniers ne semblent pas vouloir nous accorder un semblant d’attention et nous ignorent sans vergogne.

Nous contournons cette île appelée Isla de Lobos et nous mettons cap à l’Ouest vers les Islas Bridges. Après une petite heure de voyage, nous sommes en approche afin d’accoster sur l’île principale.

Premier essai avorté, nous passons trop loin du ponton.

Le deuxième essai sera le bon. Pendant cette manoeuvre, j’avais le rôle de « Bouéetologue » (Docteur en Bouée, oui oui, à ajouter sur mon CV!) profession qui, bien que méconnue, est d’une importance cruciale. L’objectif est d’éviter, et même d’empêcher, tout choc entre le ponton de ce port de fortune fait d’un acier rouillé aiguisé par le temps et la mer, avec la coque de notre submersible. La finalité étant de ne pas s’attirer, à raison, les foudres du Capitaine. Mission accomplie!

Les femmes (le monde de la voile est extrêmement sexiste vous l’aurez remarqué) débarquent en premières suivies des hommes qui finissent d’harnacher notre Steamer.

Chacun prend possession de l’île à sa façon. Certains s’installent sur la plage de galets, d’autres partent visiter l’île par le Nord. Pour ma part, je choisi en solitaire(Machisme oblige) de passer par la partie Sud-Ouest de l’île, qui, plus élevée, me laisse espérer obtenir un meilleur point de vue.

La végétation de l’île est abondante mais faite exclusivement de petits arbustes, allant rarement plus haut que le mollet mais aussi de mousses très épaisses et très denses. La faune semble absente mis à part quelques oiseaux : Mouettes, Cormorans, Oies de Cauquen, Ibis à face noire (au long bec) et nous pensons à un Caracara Chimango (celui ressemblant à une buse) .

Les hauteurs tiennent leurs promesses : je suis au centre du Canal. A l’Est, j’ai en ligne de mire le début du Canal et l’Atlantique, à l’Ouest l’autre embouchure et le Pacifique. Au Nord, l’Argentine fait face au Sud, le Chili. De ces hauteurs j’observe mes compagnons de voyage vagabonder à leurs occupations.

Je continue quelques centaines de mètres sur les hauteurs avant de redescendre afin d’atteindre la fin de l’île et rejoindre Marit’.

Pour ma part, je suis passée par l’itinéraire « touriste ». En effet, quelques bateaux touristiques proposent dans leurs excursions l’arrêt sur cette île. On y découvre des sculptures (que je trouve caricaturales) représentants les Yamanas, peuple habitants ces îles. Je dépasse ces aménagements et m’aventure plus près de l’eau pour finir sur une plage où Ben me rejoint.

Nous allons ensuite au Nord-Ouest de l’île, partie plus basse, composée de rochers nous permettant d’avoir une vue sur Ushuaia.

Nous retournons sur nos pas, longeons une plage et repartons sur les hauteurs où Ben était précédemment. La vue est vraiment splendide.

Nous retrouvons ensuite nos compagnons, assis sur la plage de galets à l’extrémité Est où nous avons débarqué. C’est l’heure du casse-croûte : sandwichs, bières, chocolat et maté sont au menu. Entre deux essais de ricochets, Mauro nous montre les dépressions, d’un mètre sur un mètre, longeant la plage et nous explique que ce sont des traces de la vie des Yamanas. Nous retrouvons d’ailleurs des tas semi-enterrés de restes de coquillages qu’ils mangeaient et même l’embout des flèches qu’ils utilisaient.

17h, il est temps de rentrer, cap sur Ushuaia!

 

Et en cadeau, une petite vue aérienne des îles, via notre vol vers El Calafate.

 

 

 

Et tout au bout… l’Estancia Tunel

Suite aux conseils de notre bienveillant hôte Mauro, nous sommes à nouveau en pleine marche aux alentours d’Ushuaia. Ce sentier, situé à l’est de la ville, commence à la Baliza, le long de la Playa Larga et se termine par la Estancia Tunel. Une ballade de quelques heures, sur les hauteurs de la côte nord du Canal Beagle. Dans les conditions idéales, il est préférable de se faire déposer au début du sentier, ce dernier est en effet très éloigné d’Ushuaia. Une marche depuis le centre ville ressemblerait en fait plus à un pèlerinage qu’à une réelle partie de plaisir.

Notre balade commence à peine et déjà la vue nous ravie. En face de nous la Cordillère Chilienne, la mer, la forêt et mêmes quelques prairie qui ont une troublante ressemblance avec celles des Télétubbies selon Marit’. Je n’ai pas osé la questionner afin de connaitre la raison qui la pousse, à 29 ans, à  regarder ce type de dessin animé. Surement de peur qu’elle me réponde que tout simplement, elle trouve cela divertissant… Mieux vaut mieux cela que « Touche pas à mon poste » me direz-vous? Nous sommes d’accord, mais tout de même!!!

Après deux petites heures de marche, un écriteau en bois où l’on peut lire « Estancia Tunel » nous indique que nous sommes bien arrivés. Nous surplombons ce petit coin de vie qui est digne d’un décor de film : un petit sentier pentu nous amène depuis l’entrée, en passant par une plage de galets, jusqu’à l’Estancia qui borde la mer. Ce paysage est aussi bien noyé de lumière que de couleurs qui, en cette si belle journée, donne un charme particulier à ce lieu d’exception !

Après quelques photos d’usages, nous allions quitter l’Estancia, lorsque nous saluons Cony, une jeune Argentine, qui nous répond et nous invite à gouter le Maté, une véritable institution en Argentine. Pour vous faire entrevoir le phénomène, un point de comparaison pourrait être le dictat des « chaussettes-claquettes » de nos voisins allemands. Je le répète : une institution.

Entre deux gorgés de Maté, que Ben déguste par politesse, nous discutons une bonne demi-heure et faisons plus ample connaissance de Cony tout droit arrivée de Rivadavia dans la province du Chubut (Puerto Madryn). Elle est ici pour une petite semaine de vacances et nous apprend qu’elle est formatrice Autocad, une application que Ben et moi avions utilisé au Lycée. Faute de temps, et malgré la proposition de Cony, nous ne pouvons nous rendre jusqu’au lac à quelques kilomètres de l’Estancia : en effet, nous sommes attendus ce soir pour un « Asado » avec Mauro et sa famille. Interdiction d’être en retard!

Cony nous raccompagne alors sur le chemin du retour, nous continuons d’échanger sur les différences entre nos deux pays, elle nous explique par exemple qu’elle est obligée de cumuler au total trois emplois afin d’avoir un salaire correct… La fin de la balade approche et le duedo (traduction littérale : « le pousse », le stop) commence…

Au bout de quelques kilomètres, d’un certain nombre de voitures et d’une heure de patience, un gentil auto-stoppeur s’arrête. Il nous dépose en bas de notre quartier. Il ne nous reste que 40 minutes de marche et quelques chiens à affronter. Nous sommes dans les temps, quant à Cony, elle continue en voiture jusque Ushuaia.

Mauro vient à notre rencontre quelques minutes après notre arrivée au camping pour nous proposer d’aller en course avec lui afin d’acheter le nécéssaire pour l’Asado. Après l’achat des Tutuka (des popcorn vendus en sachet de 3 kilos, pour Pedro, le jeune fils de Mauro, qu’il engloutira en une semaine aidé de sa jeune soeur Fransisca), de quelques kilos de viandes et quelques légumes ainsi que de la bière et du vin, nous rentrons. Mauro nous invite chez lui avec sa famille presque au complet. Ben supervisera le barbeuc’ avec Mauro, et moi, bien au chaud, je suis avec Alejandra en cuisine. La Beagle est là pour nous accompagner, une excellente bière au passage.

22h30 sonne quand nous passons à table. Le choix en viande est large [NDLR: et la cuisson est tout simplement excellente]. Pour communiquer, nous usons aussi bien de l’Espagnol, de l’Anglais, du Français que des mimes. Bien que l’utilisation du « Puede repetir por favor? » soit régulier, cela n’empêche en rien la suite des discussions. Durant la soirée, Mauro nous sert un abat de choix qu’il nous avait réservé : de l’Amygdale de boeuf. Bien que d’apparence peut reluisante, cette dernière est tout bonnement extra au palet!

1h du matin. 0°C. Il est temps pour nous de rejoindre notre domicile de 2 mètres carré. Mais alors que nous nous préparions à sortir, nous découvrons que la pelouse et les arbres sont recouverts de 20 bon centimètres de neige. Seul le feu résiste encore, … pour le moment. Malgré la fraicheur ambiante, c’est une des meilleurs nuits passées à Ushuaia, sous 3 couvertures et avec  de bon sacs de couchage, nous avons dormi comme des bébés! Le vin, la bière direz-vous?! Que nenni simplement le grand air!

 

NB : Pour informations, les arbustes aux fruits oranges, ci-aprés dans les photos, sont appelés des Epine-vinette ou Berbéris et ceux aux baies violettes sont appelés « chaura », ces dernières résistent au gel et ce ne sont pas avec les Télétubbies que vous apprendrez cela!